Cendre Rouge von Oskar Freysinger | Le jeu n’est un jeu que tant qu’il reste un jeu. Lorsqu’il est transposé dans la réalité ou qu’il condamne celle-ci à se plier à ses règles, il devient une arme redoutable. | ISBN 9783966984973

Cendre Rouge

Le jeu n’est un jeu que tant qu’il reste un jeu. Lorsqu’il est transposé dans la réalité ou qu’il condamne celle-ci à se plier à ses règles, il devient une arme redoutable.

von Oskar Freysinger
Buchcover Cendre Rouge | Oskar Freysinger | EAN 9783966984973 | ISBN 3-96698-497-0 | ISBN 978-3-96698-497-3

Cendre Rouge

Le jeu n’est un jeu que tant qu’il reste un jeu. Lorsqu’il est transposé dans la réalité ou qu’il condamne celle-ci à se plier à ses règles, il devient une arme redoutable.

von Oskar Freysinger
Tsaritsyne, 1918
Gagarine jouait sa vie. Plus exactement le temps qu’il lui restait encore à vivre, car l’officier des gardes blancs avait été parfaitement clair : «Si tu perds, tu seras pendu. Si tu gagnes, ce sera une balle dans la tête.» En lui disant cela, il avait souri comme un grand-père offrant des chocolats à son petit-fils. Gagarine, lui, ne voulait ni l’un ni l’autre. Il voulait vivre. Vivre et lutter. Lutter pour anéantir la pourriture du passé, pour vaincre l’absurdité et le chaos. Mourir, peut-être, mais l’arme à la main, les yeux dans les yeux avec son adversaire. Il aurait tout donné pour ne pas se laisser égorger, le regard vide et résigné, comme un agneau sacrificiel. Quelques semaines plus tôt, Gagarine avait dû quitter en toute hâte le Komsomol, car la situation sur le front exigeait l’engagement des dernières forces disponibles. Comme beaucoup d’autres, il fut envoyé le fusil à la main dans les rues de Tsaritsyne pour empêcher la prise de cette ville par l’armée blanche. Les opérations étaient conduites par un commissaire délégué de Moscou, un homme avec des cheveux bruns et d’épaisses moustaches, avare de paroles, que tout le monde appelait «Koba» Lorsque, quelques jours plus tard, celui-ci chercha des volontaires pour une patrouille derrière les lignes ennemies, Gagarine se présenta sans hésiter. L’ayant toisé de la tête aux pieds, Koba lui mit la main sur le calot en un geste paternel et, se tournant vers les autres, il déclara : «La révolution transforme même les enfants en héro!» Accompagné de deux autres volontaires, il se mit en route en pleine nuit. Des heures durant, ils épièrent l’ennemi à pas de loup, relevant ses positions, franchissant ruines et gravats, roulant parfois dans des cratères et jouant au chat et à la souris avec les ombres des soldats blancs.